Date de mise à jour : 25.07.22
EPITOMAX®
Le topiramate est utilisé dans l’épilepsie et dans le traitement de fond de la migraine.
Il entraîne une sédation et une diminution de la prise de poids chez les enfants directement traités.
Il diminuerait l’efficacité de la contraception oestro-progestative à partir de 200 mg/j par diminution des concentrations des estrogènes.
Sa demi-vie d’élimination plasmatique est longue (21 heures en moyenne).
ETAT DES CONNAISSANCES
- Aspect malformatif
- Les données publiées chez les femmes enceintes exposées au topiramate au 1er trimestre de la grossesse sont très nombreuses.
- Un risque de fente labio-narinaire et/ou palatine 3 à 5 fois plus élevé que dans la population générale, est retrouvé chez les enfants exposés in utero au topiramate au 1er trimestre de la grossesse (0,24 à 0,4% contre environ 0,08%).
- Il semble qu’il y ait une relation dose-effet.
- Il est possible que le risque de récurrence malformative soit plus élevé en cas de malformation déjà survenue sous topiramate lors d’une grossesse précédente.
- Aspect fœtal et néonatal
- Le topiramate passe le placenta. A terme, les concentrations maternelles et néonatales sont équivalentes.
- Les petits poids pour l’âge gestationnel sont 2 à 3 fois plus fréquents chez les enfants exposés au topiramate tout au long de la grossesse et cet effet semble dose-dépendant.
- Aspect neurodéveloppemental
- A ce jour, des données sont disponibles pour un total d’un peu plus de 900 enfants exposés in utero au topiramate et âgés en moyenne de 3,5 ans à 8 ans.
- Un effet sur le neurodéveloppement d’enfants exposés in utero au topiramate a récemment été évoqué : une étude publiée fin mai 2022, sur un peu plus de 400 enfants, retrouve chez eux un risque augmenté de troubles du spectre de l’autisme, de déficience intellectuelle, et plus largement de troubles du neurodéveloppement.
- Pour les troubles du spectre de l’autisme, à l’âge de 8 ans, 3,3% des enfants exposés in utero au topiramate seraient concernés contre 0,8% en population générale. Pour la déficience intellectuelle, les incidences cumulées seraient de 2,0% chez les enfants exposés in utero contre 0,3 % en population.
- Il semble qu’il y ait une relation dose-effet.
- Dans les études précédentes ce risque n’était pas retrouvé.
- Ces résultats doivent être confirmés.
- Aspect maternel
- Une diminution des concentrations plasmatiques maternelles de topiramate est possible en cours de grossesse.
EN PRATIQUE
TOPIRAMATE DANS L'EPILEPSIE
Il est important que l’épilepsie soit bien équilibrée tout au long de la grossesse. Ne pas arrêter ou modifier un traitement antiépileptique sans l’avis du spécialiste. |
- En prévision d’une grossesse / En préconceptionnel
- Une consultation préconceptionnelle est souhaitable afin :
- De faire le point sur la pathologie et son traitement en vue d’une future grossesse.
- D’informer la patiente de l’état des connaissances relatif au topiramate.
- Envisager l’arrêt du topiramate avant la conception et son relais par un autre antiépileptique. Pour les alternatives thérapeutiques, cf. Antiépileptiques – Grossesse.
- En l’absence d’alternative et si le topiramate est indispensable, son utilisation est envisageable en prévision d’une grossesse.
- En ce qui concerne la prescription d’acide folique chez les femmes épileptiques traitées, cf. Acide folique et prévention des malformations congénitales.
- Une consultation préconceptionnelle est souhaitable afin :
- Découverte d’une grossesse pendant le traitement
- Ne pas arrêter le traitement sans un avis spécialisé.
- En raison des effets décrits avec le topiramate (cf. Etat des connaissances).
- Informer la patiente.
- Envisager l’instauration d’un autre anticonvulsivant quel que soit le terme de la grossesse : voir ci-dessous « Traiter une femme enceinte ».
- Prévoir une surveillance échographique ciblée sur la face fœtale en cas d’exposition au 1er trimestre de la grossesse.
- De principe, en postnatal, être attentif à l’évolution du neurodéveloppement de l’enfant.
- En ce qui concerne la prescription d’acide folique chez les femmes épileptiques traitées, cf. Acide folique et prévention des malformations congénitales.
- Traiter une femme enceinte
- Compte-tenu des effets décrits avec le topiramate en cours de grossesse (cf. Etat des connaissances), utiliser un autre antiépileptique quel que soit le terme de la grossesse
- Si après avis du spécialiste le topiramate est indispensable car il n’existe pas d’alternative efficace plus sûre, son utilisation est envisageable :
- De préférence après 10 semaines d’aménorrhée (période d’organogenèse)
- A la posologie minimum efficace.
- En informant la patiente.
- En tenant compte de la diminution possible des concentrations plasmatiques maternelles (surveillance clinique +/- plasmatique, adaptation des posologies…)
- En surveillant la croissance fœtale et en avertissant les intervenants prenant en charge le nouveau-né (poids, sédation).
- En étant de principe attentif à l’évolution du neurodéveloppement de l’enfant en postnatal (cf. Etat des connaissances).
- En ce qui concerne la prescription d’acide folique chez les femmes épileptiques traitées cf. Acide folique et prévention des malformations congénitales.
Si l’une de vos patientes est exposée au topiramate en cours de grossesse, nous vous invitons à prendre contact avec le CRAT pour contribuer à enrichir les connaissances sur ce médicament chez la femme enceinte.
TOPIRAMATE DANS LA MIGRAINE
Le plus souvent la migraine s’améliore en cours de grossesse, ce qui permet l’arrêt d’un traitement de fond de la migraine (cf. Anti-migraineux – Grossesse) |
- En prévision d’une grossesse / En préconceptionnel
- Une consultation préconceptionnelle est souhaitable afin :
- De faire le point sur la pathologie et son traitement en vue d’une future grossesse.
- D’informer la patiente de l’état des connaissances relatif au topiramate.
- Arrêter le topiramate avant la conception et le relayer par un autre traitement de fond de la migraine (cf. Anti-migraineux – Grossesse).
- En théorie, une conception est possible 5 jours après l’arrêt du traitement (5 demi-vies d’élimination plasmatique).
- Une consultation préconceptionnelle est souhaitable afin :
- Découverte d’une grossesse pendant le traitement
- Arrêter le topiramate.
- Informer la patiente des effets décrits avec le topiramate (cf. Etat des connaissances).
- En cas d’exposition au 1er trimestre de la grossesse, envisager une surveillance échographique ciblée sur la face fœtale.
- De principe, on sera attentif à l’évolution du neurodéveloppement de l’enfant.
- Si la poursuite d’un traitement de fond de la migraine est nécessaire, voir ci dessous « Traiter une femme enceinte ».
- Traiter une femme enceinte
- Si un traitement de fond de la migraine est nécessaire, une alternative thérapeutique est souhaitable (cf. Anti-migraineux – Grossesse).
- On préfèrera l’amitriptyline, le propranolol ou le métoprolol, mieux connus chez la femme enceinte, les deux premiers étant également compatibles avec l’allaitement.
- En cas d’inefficacité ou d’intolérance de ces options, l’utilisation d’un autre traitement pourra être envisagée au cas par cas (cf. Anti-migraineux – Grossesse).
- Si un traitement de fond de la migraine est nécessaire, une alternative thérapeutique est souhaitable (cf. Anti-migraineux – Grossesse).
Si l’une de vos patientes est exposée au topiramate en cours de grossesse, nous vous invitons à prendre contact avec le CRAT pour contribuer à enrichir les connaissances sur ce médicament chez la femme enceinte.
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Seuls quelques noms de spécialités sont mentionnés dans ce site. Cette liste est indicative et n’est pas exhaustive.