Date de mise à jour : 26.09.24
- Lorsque le tabac est fumé, plusieurs milliers de produits apparaissent avec sa combustion. Les principaux sont la nicotine, le monoxyde de carbone (CO), les hydrocarbures aromatiques et les métaux lourds (dont le cadmium).
- En France, on estime que 25% des femmes sont fumeuses avant le début de leur grossesse et que 12% des femmes enceintes continuent de fumer pendant tout ou partie de celle-ci.
- L’exposition au tabagisme passif en cours de grossesse est une situation fréquente.
ETAT DES CONNAISSANCES
Avant et en cours de grossesse, les produits de combustion du tabac ont des répercussions possibles, y compris lors du tabagisme passif. |
- Diminution de la fertilité et augmentation des grossesses extra-utérines (GEU)
- Un retard à la conception et une augmentation des GEU avec une relation dose-effet et une certaine réversibilité à l’arrêt du tabac ont été significativement associés au tabagisme féminin.
- Passage placentaire
- La nicotine et d’autres composants du tabac (hydrocarbures, métaux lourds…) passent le placenta.
- Fausses couches spontanées
- Le taux de fausses couches spontanées associée au tabagisme maternel serait de 20 à 80% supérieur au taux attendu en population.
- Aspect malformatif
- Les études sur le risque tératogène du tabac sont très nombreuses et portent sur plusieurs millions de grossesses.
- En dépit de quelques résultats contradictoires, il est admis qu’aucune augmentation du risque global des malformations n’est à mettre sur le compte du tabagisme en cours de grossesse (ce risque est d’environ 2% dans la population générale).
- L’apparition de certaines malformations spécifiques est toujours en discussion. Il s’agit essentiellement de fentes faciales, de laparoschisis, de craniosténoses, de cardiopathies ou de hernies diaphragmatiques, pour lesquelles l’association au tabagisme maternel est faible mais statistiquement significative. Ces résultats doivent être confirmés, et certains facteurs de confusion doivent être pris en compte. Des études évoquent le rôle d’une susceptibilité génétique dans l’apparition de malformations chez certains enfants de mères exposées au tabac (tabagisme actif et passif).
- Les conséquences en terme de santé publique mesurées par l’accroissement annuel de ces malformations en raison du tabagisme maternel sont pour le moment modérées, mais méritent d’être prises en compte.
- En termes individuels, ceci justifie une information préconceptionnelle chez les femmes fumeuses, mais conduit à une surveillance prénatale usuelle des grossesses chez ces femmes, sans surcroît d’inquiétude.
- Aspect fœtal et néonatal
- Hématome rétroplacentaire (HRP) et placenta bas inséré :
Une relation entre HRP et tabagisme maternel est établie, avec un effet-dose associé à la carboxyhémoglobinémie (HbCO), ainsi qu’une augmentation du risque lié à l’âge et à la parité.
Les placentas bas insérés sont également plus fréquents (multipliés par 2 environ) en cas de tabagisme maternel. - Poids de naissance :
Une réduction d’environ 200 grammes du poids de naissance est observée chez les enfants de mères fumeuses en cours de grossesse, après prise en compte des autres facteurs de risque connus. Cette réduction semble corrélée à l’importance du tabagisme maternel. Un arrêt du tabagisme dans la 1ère partie de la grossesse permet d’améliorer le poids de naissance.
Une diminution du poids de naissance est également observée en cas de tabagisme passif.
La croissance post-natale des enfants ne semble pas affectée par le tabagisme maternel en cours de grossesse. - Prématurité :
Le tabagisme chez la femme enceinte est un facteur de risque de prématurité. Cette prématurité est en grande partie induite par la survenue plus fréquente d’accidents obstétricaux (HRP, placentas bas insérés, rupture prématurée de membranes), et semble être dose-dépendante. Un arrêt du tabac en début de grossesse diminue ce risque. - Mort fœtale in utero :
Le tabagisme maternel est associé à un risque légèrement accru de morts fœtales in utero, après prise en compte des autres facteurs de risque.
- Hématome rétroplacentaire (HRP) et placenta bas inséré :
- Mort inattendue du nourrisson :
- Le tabagisme maternel semble associé à un risque 3 à 4 fois plus élevé de mort inattendue du nourrisson. Il existerait un effet dose.
La part d’un effet propre de l’exposition anténatale par rapport à l’exposition postnatale est toutefois difficile à établir.
- Le tabagisme maternel semble associé à un risque 3 à 4 fois plus élevé de mort inattendue du nourrisson. Il existerait un effet dose.
- Effets à long terme :
- Des études ont évoqué les effets suivants chez les enfants exposés in utero au tabagisme maternel ou au tabagisme passif : augmentation des troubles respiratoires de type respiration sifflante ou asthme, du risque infectieux, du surpoids et de l’obésité, des troubles du neurodéveloppement (troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles du spectre de l’autisme…), des cancers… Même si certaines études retrouvent une association entre l’exposition au tabac in utero et ces effets, les biais méthodologiques des études publiées ne permettent pas de retenir à ce jour un quelconque lien de causalité.
En dehors du tabagisme maternel, la part de facteurs environnementaux, socio-économiques ou encore génétiques n’est pas toujours prise en compte ce qui rend le rôle propre du tabac difficile à évaluer.
- Des études ont évoqué les effets suivants chez les enfants exposés in utero au tabagisme maternel ou au tabagisme passif : augmentation des troubles respiratoires de type respiration sifflante ou asthme, du risque infectieux, du surpoids et de l’obésité, des troubles du neurodéveloppement (troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles du spectre de l’autisme…), des cancers… Même si certaines études retrouvent une association entre l’exposition au tabac in utero et ces effets, les biais méthodologiques des études publiées ne permettent pas de retenir à ce jour un quelconque lien de causalité.
EN PRATIQUE
En cours de grossesse et d’allaitement, il est souhaitable d’éviter une imprégnation tabagique active et passive de la femme enceinte puis de l’enfant. |
- En prévision d’une grossesse / En préconceptionnel
- Une consultation préconceptionnelle permettra de mettre en place une prise en charge adaptée de la femme fumeuse en vue d’une future grossesse.
- Dans le sevrage tabagique, en cas d’échec d’une prise en charge non pharmacologique, une substitution nicotinique est possible dans la perspective d’une grossesse.
- Grossesse
- Une prise en charge adaptée de la femme fumeuse doit être entreprise dès que possible afin d’éviter la poursuite ou la reprise du tabagisme en cours de grossesse.
- Dans le sevrage tabagique, en cas d’échec d’une prise en charge non pharmacologique, une substitution nicotinique est possible quel que soit le terme de la grossesse :
- Toutes les formes de substitution nicotinique sont utilisables, y compris en association.
- Les posologies seront adaptées aux besoins de chaque patiente.
- Cette substitution sera de préférence mise en route et évaluée dans le cadre d’une consultation spécialisée.
- Une information voire une prise en charge adaptée des fumeurs se trouvant dans l’entourage proche de la femme enceinte est également à encourager pour limiter le tabagisme passif.
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